Les œuvres du parc

Neuf projets ont été installés à ce jour. Ils ont été créés par de jeunes artistes souvent en collaboration avec la galerie Maubert, à Paris ou bien par des contacts directs avec des artistes ou d’autres galeries. Nous recherchons une parfaite intégration dans le parc, difficile d’imaginer que ces œuvres n’ont pas toujours été là. Ces sculptures sont dites « d’usage » car elles appellent toutes à un contact et une expérience physique : balancement, promenade sur un parcours de pierre, poser sa main sur une empreinte, prendre dans ses mains un gland en terre cuite,…

La première installation est « Rocking« , de Gabrielle Conilh de Beyssac. Œuvre magique tout au long des saisons, présente avec force. On aime lancer son mouvement de balancier, entendre sa vibration et regarder au sol les traces de son oscillation.

 

Quand les éléments jouent avec Rocking :

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La deuxième œuvre est « La Cabane » de Sara Favriau. Installée en 2015, elle a été conçue pour son emplacement et assemblée par Sara et son équipe, pièce par pièce, après un travail de sculpture. Aujourd’hui, elle nous surprend toujours, différente d’heure en heure selon la lumière, la végétation qui l’entoure et l’angle selon lequel on la découvre.

La troisième œuvre est « La Main Courante » de Nicolas Müller. Cette œuvre détourne une main courante d’un escalier d’immeuble à l’échelle 1 en une structure horizontale qui nous guide dans une allée d’herbe au milieu de la prairie. Les empreintes de membres de notre famille et d’amis donnent à cette œuvre une histoire intime qui nous inspire.

 

Une vue d’été

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Un matin de givre 

 

La quatrième œuvre est le « Labyrinthe Autoparallèle » de Gabrielle Conilh de Beyssac. Il a été construit en août 2019 après une période de réflexion et d’élaboration qui a duré presque 4 ans. il se présente comme un tracé en pierre au sol sur lequel il est possible de se promener. On peut suivre à deux, en se tenant pas la main, des tracés parallèle. Il s’agit moins ici de se perdre que de vivre une expérience d’un parcours.

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Le Labyrinthe peut de temps après sa construction

Pendant les derniers mois de 2019, l’herbe a profité de la douceur des températures pour pousser rapidement :

« My Golden Friends » de Laure Mary-Couègnias a été installée au printemps 2020. Il s’agit de l’installation au pied d’un chêne d’un ensemble de 31 glands en terre cuite brute ou vernissée. Cette œuvre a été présentée dans le cadre de son exposition personnelle à la galerie Septième à Paris en 2020.

Laure souhaitait faire de cette exposition une archéologie inverse, un espace potentiel où le temps est suspendu suite à la disparition de l’espèce humaine. Sensible aux crises que notre société traverse, du changement climatique à la déforestation, aux espèces animales qui disparaissent, Laure examine avec un regard tendre nos modèles qui se fanent et se détruisent progressivement, et imagine les vestiges possibles de belles choses que nous serons amenés à laisser derrière nous.

Les sculptures de glands en terre cuite, déposées au sol, évoquent l’excavation d’un site archéologique. Certaines d’entre elles, épargnées par le temps sont en émail, et ont pu conserver leur beauté scintillante. A travers ces sculptures, Laure souhaite donner écho à une autre actualité de notre temps et imagine une phase terminale au #metoo. Les glands, fruit gras que l’on donne à manger aux porcs de luxe pour obtenir un jambon de qualité, portent en eux une grande ironie et prédisent le déclin cynique d’un patriarcat tombé au sol.

Créant son propre monde onirique dans une poésie réconfortante, Laure propose de passer à l’examen de notre avenir et de mettre entre parenthèses celui des vestiges du passé. Selon elle, l’homme a appris à vivre, à survivre et doit aujourd’hui apprendre à s’effacer tout en se permettant d’admirer son passage sur terre. En acceptant sa propre disparition, Laure souhaite que l’homme perçoive le meilleur de ses acquis pour profiter de ses derniers instants.

(extraits du texte de Léa Perier Loko, galerie Septième)

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« Les Totems » sont un ensemble de 3 sculptures verticales créées par Ulysse Lacoste dont l’atelier est à Semur-en-Auxois. Le premier Totem, « La Constante », a été installé au printemps 2021. Son nom est un hommage à Constantin Brancusi, auteur de la Colonne Infinie. « La Tourmente » a été installée à l’automne et le troisième, « L’Ardente » est encore en cours de conception et devrait être installée durant l’hiver 2023. Nous avons rencontré Ulysse en 2019 et très vite nous avons apprécié son travail et ses jeux géométriques qui nous ont rappelé la géométrie des plantes. Nous avons pensé que les Totems seraient un hommage à ces végétaux dont beaucoup souffrent du changement climatique. Ils seront installés dans des clairières qui sont apparues suite à l’abattage ou à la chute de plusieurs arbres du bois se situant derrière le potager.

La Constante

La Tourmente

« L’Echiquier » est une œuvre de Nicolas Daubanes qui a été construite sur place en avril 2022 après une année d’échanges. Nous suivions Nicolas, artiste très engagé, depuis plusieurs années et son exposition de grands dessins à la limaille de fer au Palais de Tokyo a été le déclencheur de cette collaboration. Dès le printemps 2021, Nicolas nous a présenté les grandes lignes de son projet qui s’inscrit dans sa réflexion générale autour de l’univers carcéral, la déportation, la résistance. Ses œuvres nous parlent d’humanité et de liberté. Ainsi, dans le cadre de ses recherches, il a découvert de petits billets manuscrits tombés des train en partance pour les camps de concentration pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Ces billets expriment beaucoup de tendresse, d’amour, d’optimisme affiché. Certains sont ainsi retranscrits sur le pavage en béton de cet échiquier en lettres de céramique découpées sur des plaques (le positif) qui ont été brisées par Nicolas. Ces fragments de plaque (le négatif) ont été incrustés sur le pavage, comme si ils avaient été jetés violemment sur le sol, figurant ces destins brisés.

L’Echiquier a été construit avec 64 dalles de bétons des deux couleurs, coulées sur place. Il est installé au milieu de la prairie, non loin de la butte qui accueille les oeufs de dinosaure, ce qui permet de le voir avec un peu de hauteur. Des chemins d’herbe y donnent accès et invitent à le parcourir.

Il nous a semblé comme évident dans un jardin « de Paradis » de rappeler le désordre de l’Humanité et son extrême violence. L’actualité tragique des premiers mois de 2022 vient renforcer encore le message fort porté par cette œuvre. Nous espérons que les visiteurs partageront ce moment de réflexion en se déplaçant sur l’Echiquier.

Nicolas Daubanes est représenté par la Galerie Maubert, sur le site de laquelle on trouvera sa biographie. Il a publié un très beau livre retraçant son parcours et son œuvre, « A bout touchant ».

L’incroyable coucher de soleil le 31 décembre 2022

« Contre-temps » est un cadran solaire analemmatique, c’est à dire posé au sol. L’ombre du corps humain sera l’indicateur de l’heure et pointera vers des plots numérotés en chiffres romains. La personne voulant connaître l’heure solaire se positionnera sur une règle en fonction du mois de l’année, pour tenir compte de la course du soleil, fonction des saisons. Nathalie Elemento en est l’auteur (sa biographie est disponible sur le site de la Galerie Maubert). Nous avions discuté avec Nathalie lors d’une présentation de son exposition personnelle à la Galerie Maubert en 2019 et elle nous avait alors montré un projet d’aménagement d’un parc comportant un cadran très similaire, qui correspondait très exactement à l’idée que nous avions depuis longtemps mais jamais réalisée. Ce cadran est le reflet parfait du concept de sculpture d’usage développé par Nathalie. La mesure du temps est une préoccupation de toujours et cette sculpture nous permet de nous réapproprier l’heure solaire grâce à une expérience personnelle. Le cadran est parfaitement intégré dans la cour du château et sa couleur verte céladon est un lien fort avec l’esprit du jardin. Il permet de se rendre compte du décalage important entre l’heure solaire et notre heure officielle, décalée de deux heures en été, en déconnection donc de rythme de la nature.

« Suspendido » est une oeuvre de la céramiste chilienne Marcela Paz Undurraga. Elle avait été exposée lors de l’exposition personnelle du même nom de Marcela en mai-août 2022 dans l’orangerie de la cour du château et cette oeuvre nous avait immédiatement séduit. Elle est composée de barres en argile de la région, reliées entre elles et suspendues par des cordes de chanvre naturel. Elle peut évoquer une balançoire, un hamac. Le sol du parc est essentiellement argileux et Marcela avait d’ailleurs réussi à le travailler. Marcela travaille l’argile de ses mains pour créer des formes primitives, universelles. « Suspendido », accroché à des arbres près de la source, joue avec la lumière à travers les feuillages. L’oeuvre connecte tous les éléments qui composent le jardin et nous connecte avec eux.